Tours et détours au bazar

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Marchande de guirlandes de fleurs

Le bazar de Kathmandu s'étend tout au long de Makhan, la rue diagonale qui relie l'avenue Kantipath à Durbar Square, le centre historique. A partir de plusieurs placettes qui jalonnent cet axe, il pousse aussi des incursions dans les ruelles avoisinantes. Ce lieu me captive par son animation, ses couleurs, ses odeurs et ses clameurs, son incroyable diversité.

Je tente de progresser au sein de la foule qui se densifie au fur et à mesure qu'avance la matinée, il me faut quelque temps pour apprendre et assimiler cette démarche fluide des Népalais qui leur permet de se mouvoir avec aisance et adresse dans les rues encombrées. Nul véhicule ne se hasarde dans cette fourmilière, il resterait irrémédiablement bloqué, et du reste la circulation motorisée y est interdite. Le bazar est digne d'un inventaire à la Prévert au regard de la variété d'articles, de produits, de denrées que l'on y trouve.

Des deux côtés de la rue s'alignent une infinité d'échoppes, beaucoup surmontées de balcons en bois ouvragé dans le pur style newari. Dans la plupart l'on ne pénètre pas tant elles sont minuscules, les articles s'y entassent du sol au plafond ne laissant que peu de place au commerçant généralement assis sur une natte derrière un comptoir de poche où il enfourne ses billets. L'exigüité des boutiques interdit d'y stocker toutes les marchandises, c'est donc à l'extérieur qu'elles sont exposées à la tentation du client, suspendues aux encadrements, aux linteaux et jusque sur les façades à l'aplomb des commerces, à des hauteurs qui nécessitent marche-pieds et gaffe pour les décrocher. Il faut donc parfois lever le nez pour profiter de toute cette profusion.

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Boutique de vêtements pour femmes

Mais là ne s'arrête point l'offre marchande. Dans les quartiers Asan Tole et Indrachowk, au coeur du bazar, des alignements de petite vendeurs, assis sur le sol devant les pas-de-porte des échoppes, étalent leurs produits sur un vague tissu : chaussures de sport, bimbeloterie, montres clinquantes, cosmétiques, lunettes solaires, piles et calculettes, textiles..., articles le plus souvent de provenance chinoise. Et puis d'innombrables modestes maraîchers et autres revendeurs de produits de bouche occupent aussi le terrain. Certains ont une offre qui se limite à un seul légume, à un seul fruit, et ce en quantité limitée : ici ce marchand de petit pois a écossé ses gousses et disposé les petites billes vertes en pyramide, là cette mère et sa fillette proposent une production qui se résume à quelques bottes d'oignons et de carottes, plus loin cette vendeuse vante la qualité de ses petits poissons séchés aux effluves vraiment très "parfumées", là encore cette autre enfile sur des brins des fleurs sans tige aux teintes éclatantes pour en faire des guirlandes, très prisées pour les rites religieux. Les légumes sont de calibre réduit, mais quasiment tout ce que l'on peut trouver en Europe est disponible, avec "l'exotique" en plus : fruits, canne à sucre, et l'infinie diversité des épices qui chatouillent l'odorat autant qu'elles séduisent le regard.

Et puis, il y a les vendeurs ambulants qui circulent à grand peine au milieu de la foule, celui-ci tirant son char à bras, cet autre poussant son vélo équipé de débordants paniers de fruits, ou plus raisonnablement stationnent aux carrefours stratégiques. Ces marchands des quatre-saisons, de glaces, d'amuse-gueule, occupent quant à eux le milieu de la rue. De temps à autre, des porteurs, ployant sous leur faix, progressent dans la cohue, les yeux rivés au sol, la sueur dégoulinant de leur front, absolument impassibles - à peine un cri d'avertissement parfois - et sans dévier d'un pouce leur trajectoire. C'est en toute logique à vous de vous écarter pour leur laisser place.

Le coin que je préfère, difficile à trouver au premier abord, est au coeur d'un entrelacs de venelles un peu à l'écart d'une petite place. C'est un îlot d'échoppes à article unique, le collier à plusieurs rangs de perles de verre, aux teintes et motifs d'une extraordinaire variété. D'un coût dérisoire, ces bijoux de pacotille sont particulièrement appréciées des Népalaises, à l'instar des fragiles et graciles bracelets en verre qu'elles portent par douzaine.

Evidemment tout ce que l'on cherche, on le déniche au bazar. Aujourd'hui je m'y procure un cahier d'écolier  - 40 roupies - destiné à noter mes impressions de voyage, présentes et à venir.

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Boutique d'ustensiles près d'un petit temple

 

 

Publié dans Annapurnas

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